Ici le lien de la cinémathèque française: http://www.cinematheque.fr/fr/expositions-cinema/printemps-2012-tim-burto/
Un regard sur Tim Burton
Après des études à la California Institute of the Arts, Tim Burton débute chez Disney dans les années 70, collaborant à l'animation de plusieurs dessins animés, dont Rox et Rouky. Après cette expérience, il débute dans la réalisation avec deux courts métrages, l'un d'animation (Vincent 1982), l'autre de facture classique, Frankenweenie (1984), parodie revendiquée de Frankenstein et des films de la firme Hammer.
".En 1985, Tim Burton réalise son premier long métrage,Pee Wig Adventure qui plante déjà les bases d'un univers très personnel, où le fantastique le dispute à l'onirisme. Trois ans plus tard, il se révèle au grand public avec la comédie Beetlejuice fable fantastico-macabre dans laquelle Michael Kiaton incarne un "bio-exorciste" totalement déjanté. Il retrouvera le comédien pour Batman (1988) et Batman, le Défi (1991), le glissant sous le costume du célèbre homme chauve-souris et démontrant par la-même que son génie créatif peut aussi s'exprimer sur des films dits "de commande
Fidèle en amitiés professionnelles, Burton entame en 1990, par la romance fantastique Edward aux mains d'argent, une fructueuse collaboration (six films) avec Johnny Depp.
Après avoir donné au comédien le rôle d'une invention humaine pourvue d'un coeur et de lames de métal en guise de doigts, le cinéaste ne cessera de lui offrir des prestations fortes et originales. Ainsi, Depp se glisse sous les traits du réalisateur de série Z Ed Wood (1994), fait tout pour percer le mystère d'un cavalier sans tête dans Sleepy Hollow (1999), campe un inquiétant chocolatier dans Charlie et la chocolaterie (2005), adapté du livre pour enfants de Roald Dahl, et incarne le terrifiant barbier Sweeney Todd (2008) dans l'adaptation de la comédie musicale de Stephen Sondheim.
Tim Burton parvient parfois à s'affranchir du fantastique pur et d'un cinéma très personnel bâti au fil des ans. Il emprunte ainsi un ton plus parodique avec Mars Attacks! (1996), qui narre une invasion extra-terrestre aussi tragique que délirante, se penche sur l'exercice du remake avec La Planète des singes (2001), ou abandonne même toute excentricité avec la fable douce-amère Big fish (2003).
Considéré comme l'un des cinéastes les plus inventifs de sa génération, Tim Burton est également un producteur avisé, notamment dans le domaine du film d'animation fantastique (James et la pêche géante, L' Etrange Noël de M. Jack ou encore Les Noces funèbres, avec un certain Johnny Depp à la voix). En 2010, Tim Burton poursuit sa fructueuse collaboration avec Johnny Depp et Helena Bonham Carter, en leur offrant deux des rôles principaux de sa relecture d'Alice au Pays des Merveilles, où il dirige la jeune Mia Wasikowska, et mêle animation et prises de vues réelles. (source: Allociné)
Tim Burton parvient parfois à s'affranchir du fantastique pur et d'un cinéma très personnel bâti au fil des ans. Il emprunte ainsi un ton plus parodique avec Mars Attacks! (1996), qui narre une invasion extra-terrestre aussi tragique que délirante, se penche sur l'exercice du remake avec La Planète des singes (2001), ou abandonne même toute excentricité avec la fable douce-amère Big fish (2003).
Considéré comme l'un des cinéastes les plus inventifs de sa génération, Tim Burton est également un producteur avisé, notamment dans le domaine du film d'animation fantastique (James et la pêche géante, L' Etrange Noël de M. Jack ou encore Les Noces funèbres, avec un certain Johnny Depp à la voix). En 2010, Tim Burton poursuit sa fructueuse collaboration avec Johnny Depp et Helena Bonham Carter, en leur offrant deux des rôles principaux de sa relecture d'Alice au Pays des Merveilles, où il dirige la jeune Mia Wasikowska, et mêle animation et prises de vues réelles. (source: Allociné)
Edgar Allan Poe a fortement influencé Tim Burton. L’attrait que le cinéaste éprouve pour lui provient d’une part de la découverte de l’œuvre du poète maudit lorsque Burton a 10 ans et, d’autre part, des films que Roger Corman a réalisés d’après l’œuvre de Poe. Il convient de préciser que Vincent Price, son idole, était la vedette principale de ce cycle.
Le scénario de L'Étrange Noël de monsieur Jack a été rédigé à partir d'un poème de Poe. Cela renforce un peu plus le parallèle entre Burton et Poe, l'œuvre la plus célèbre de ce dernier étant un poème : Le Corbeau, dont Tim Burton s'inspire pour son court-métrage "Vincent". De plus, les poèmes de Poe et de Burton servent à chaque fois de base à l’élaboration des scénarios respectifs qui, certes respectent l’esprit des auteurs, mais entraînent l’histoire dans une nouvelle direction. Le poème original de Poe est transformé en un véritable feu d’artifice visuel et burlesque entre Price, Karloff et Lorre, tandis que celui de Burton devient une comédie musicale mélancolique et macabre. (source: Wikipedia)
Le Corbeau
De nombreux éléments sont récurrents dans son univers :
Une fois, par un minuit lugubre, tandis que je m'appesantissais, faible
et fatigué, sur maint curieux et bizarre volume de savoir oublié, tandis
que je dodelinais la tête, somnolant presque, soudain se fit un heurt,
comme de quelqu'un frappant doucement, frappant à la porte de ma
chambre, cela seul et rien de plus
Ah! distinctement je me souviens que c'était en le glacial décembre :
et chaque tison, mourant isolé, ouvrageait son spectre sur le sol.
Ardemment je souhaitais le jour; vainement j'avais cherché d'emprunter
à mes livres un sursis au chagrin - au chagrin de la Lénore perdue -
de la rare et rayonnante jeune fille que les anges nomment Lénore -
de nom! pour elle ici, non, jamais plus!
Et de la soie l'incertain et triste bruissement en chaque rideau purpural
me traversait, m'emplissait de fantastiques terreurs pas senties
encore : si bien que, pour calmer le battement de mon coeur, je
demeurais maintenant à répéter : C'est quelque visiteur qui sollicite
l'entrée, à la porte de ma chambre; quelque visiteur qui sollicite l'entrée
à la porte de ma chambre; c'est cela et rien de plus
Mon âme se fit subitement plus forte et, n'hésitant davantage :
"Monsieur, dis-je, ou madame, j'implore véritablement votre pardon ;
mais le fait est que je somnolais, et vous vîntes si doucement frapper,
et si faiblement vous vîntes heurter, heurter à la porte de ma chambre,
que j'étais à peine sûr de vous avoir entendu." Ici j'ouvris grande
la porte : les ténèbres et rien de plus
Loin dans l'ombre regardant, je me tins longtemps à douter, m'étonner
et craindre, à rêver des rêves qu'aucun mortel n'avait osé rêver encore ;
mais le silence ne se rompit point et la quiétude ne donna de signe ;
et le seul mot qui se dit, fut le mot chuchoté "Lénore!" je le
chuchotai et un écho murmura de retour le mot "Lénore!" purement
cela et rien de plus
Rentrant dans la chambre, toute l'âme en feu, j'entendis bientôt un
heurt en quelque sorte plus fort qu'auparavant. "Sûrement, dis-je
sûrement c'est quelque chose à la persienne de ma fenêtre. Voyons donc
ce qu'il y a et explorons ce mystère ; que mon coeur se calme un moment
et explore ce mystère ; c'est le vent et rien de plus."
Au large je poussai le volet, quand, avec maints enjouement et agitation
d’ailes, entra un majestueux corbeau des saints jours de jadis. Il ne
fit pas la moindre révérence, il ne s’arrêta ni n’hésita un instant : mais,
avec une mine de lord ou de lady, se percha au-dessus de la porte de
ma chambre ; se percha sur un buste de Pallas, juste au-dessus de la
porte de ma chambre ; se percha, siégea et rien de plus
Alors cet oiseau d’ébène induisant ma triste imagination au sourire,
par le grave et sévère décorum de la contenance qu’il eut : "Quoique
ta crête soit chenue et rase, non! Dis-je, tu n’es pas, pour sûr, un
poltron, spectral, lugubre et ancien Corbeau, errant loin du rivage de
Nuit - dis-moi quel est ton nom seigneurial au rivage plutonien de
Nuit." Le Corbeau dit : "Jamais plus."
Je m’émerveillai fort d’entendre ce disgracieux volatile s’énoncer aussi
clairement, quoique sa réponse n’eût que peu de sens et peu d’à-propos ;
car on ne peut s’empêcher de convenir que nul homme vivant n’eut
encore l’heur de voir un oiseau au-dessus de la porte de sa chambre
- un oiseau ou toute autre bête sur le buste sculpté au-dessus de la porte
de sa chambre -, avec un nom tel que : "Jamais plus."
Mais le Corbeau perché solitairement sur ce buste placide, parla ce
seul mot comme si son âme, en ce seul mot, il la répandait. Je ne proférai
donc rien de plus ; il n’agita donc pas de plume, jusqu’à ce que je
fis à peine davantage que marmotter : "D’autres amis déjà ont pris
leur vol, demain il me laissera comme mes espérances déjà ont pris
leur vol." Alors l’oiseau dit : "Jamais plus."
Tressaillant au calme rompu par une réplique si bien parlée ; "Sans
doute, dis-je ce qu’il profère est tout son fonds et son bagage, pris à
quelque malheureux maître que l’impitoyable Désastre suivit de près
et de très près suivit jusqu’à ce que ses chansons comportassent un
unique refrain ; jusqu’à ce que les chants funèbres de son Espérance
comportassent le mélancolique refrain de "Jamais - jamais plus."
Le Corbeau induisant toute ma triste âme encore au sourire, je roulai
soudain un siège à coussins en face de l’oiseau, et du buste, et de la
porte ; et m’enfonçant dans le velours, je me pris à enchaîner songerie
à songerie, pesant à ce que cet augural oiseau de jadis, à ce que
ce sombre, disgracieux, sinistre, maigre, et augural oiseau de jadis
signifiait en croissant : "Jamais plus."
Cela, je m’assis occupé à le conjecturer, mais n’adressant pas une syllabe
à l’oiseau dont les yeux de feu brûlaient, maintenant, au fond de mon
sein ; cela et plus encore, je m’assis pour le devine, ma tête reposant
à l’aise sur la housse de velours des coussins que dévorait la lumière
de la lampe, housse violette de velours qu’Elle ne pressera plus, ah!
jamais plus.
L’air, me sembla-t-il, devint alors que dense, parfumé selon un
encensoir invisible balancé par les Séraphins dont le pied, dans la chute
tintait sur l’étoffe du parquet. "Misérable! m’écriai-je, ton Dieu t’a
prêté ; il t’a envoyé par ces anges le répit, le répit et le népenthès dans
ta mémoire de Lénore! Bois! oh! bois ce bon népenthès et oublie cette
Lénore perdue!" Le Corbeau dit : "Jamais plus."
"Prophète, dis-je, être de malheur! prophète, oui, oiseau ou démon!
Que si le Tentateur t’envoya ou la tempête t’échoua vers ces bords,
désolé et encore tout indompté, vers cette déserte terre enchantée, vers
ce logis par l’horreur hanté : dis-moi véritablement, je t’implore! y a-t-il
du baume en Judée? Dis-moi, je t’implore." Le Corbeau dit :
"Jamais plus!"
"Prophète, dis-je, être de malheur! prophète, oui, oiseau ou démon!
Par les cieux sur nous épars, et le Dieu que nous adorons tous deux,
dis à cette âme de chagrin chargée si, dans le distant Eden, elle doit
embrasser une jeune fille sanctifiée que les anges nomment Lénore
- embrasser une rare et rayonnante jeune fille que les anges nomment
Lénore." Le Corbeau dit : "Jamais plus!"
"Que ce mot soit le signal de notre séparation, oiseau ou malin
esprit" hurlai-je en me dressant. "Recule en la tempête et le rivage
plutonien de Nuit! Ne laisse pas une plume noire ici comme un gage
du mensonge qu’a proféré ton âme. Laisse inviolé mon abandon! quitte
le buste au-dessus de ma porte! ôte ton bec de mon coeur et jette ta
forme loin de ma porte!" Le Corbeau dit : "Jamais plus!"
Et le Corbeau, sans voleter, siège encore, siège encore sur le buste pallide
de Pallas, juste au-dessus de la porte de ma chambre, et ses yeux ont
toute la semblance des yeux d’un démon qui rêve, et la lumière de la
lampe, ruisselant sur lui, projette son ombre à terre : et mon âme,
de cette ombre qui gîte flottante à terre ne s’élèvera - jamais plus.
Edgar Allan Poe
(source:rocler)
Tim Burton laisse sur chacune de ses œuvres plusieurs empreintes récurrentes, parmi lesquelles :
- Présence fréquente de parapluies, d'escaliers aux marches irrégulières, de carrelage noir et blanc, d'arbres tordus, de représentants d'églises peu sympathiques et d'épouvantails. De plus, présence quasi perpétuelle de morts.
- Les espaces des films de Burton, très stylisés, se caractérisent souvent par des perspectives farfelues aux lignes brisées ou déformées jusqu'à outrance et où dominent angles, cubes et obliques. Ces décors oniriques sont semblables à ceux du Cabinet du docteur Caligari de Robert Wiene, manifeste du cinéma expressionniste allemand qui a durablement marqué le cinéaste[20].
- Au début de ses films, les crédits sont souvent présentés en travelling de façon plutôt spectaculaire.
- Ses travaux et son style sont influencés par l'artiste Edward Gorey, notamment au niveau de ses peintures à l'encre. On peut également citer l'influence graphique d'Edvard Munch et du tableau Le Cri auxquels Beetlejuice et L'Étrange Noël de monsieur Jack font explicitement référence[21].
- Il utilise souvent les ombres afin d'obtenir un rendu inquiétant.
- Ses personnages principaux ont tendance à être des individus solitaires, excentriques, timides, en marge de la société, souvent pâles et distants.
- Ses créations présentent un bon nombre de rayures noires et blanches et de spirales tordues.
- Ses films présentent souvent des flocons de neige tombant la nuit ou lorsque la fête commence (in medias res).
- Il s'inspire parfois du cinéma expressionniste allemand et de ses images exagérées.
- Pour les trames sonores, il travaille essentiellement avec Danny Elfman (sauf pour Ed Wood, dont la musique est signée Howard Shore et Sweeney Todd : Le Diabolique Barbier de Fleet Street dont la musique est cette fois signée Stephen Sondheim).
- Il insère souvent des références aux Kaijus Eiga dans ses films.
- Il a une prédilection pour les monstres de tous types : loup-garou dans Big Fish, le Pingouin et Catwoman dans Batman : Le Défi, une galerie complète dans L'Étrange Noël de monsieur Jack et Les Noces funèbres...
- Les chiens, souvent compagnons du héros (Frankenweenie, L'Étrange Noël de monsieur Jack, etc.).
- Le cirque ou la fête foraine, représentant l'amour du cinéaste pour le grotesque et le bizarre. Le cirque est chez lui non seulement l'expression de la différence, mais aussi de la famille car les liens qui unissent ses membres sont généralement très forts. Dans Ed Wood, le réalisateur Edward Wood se constitue une bande d'amis dignes d'une fête foraine (voyant, catcheur, faux vampires, etc.).
- La demeure du héros, isolée du reste de la ville. Souvent un manoir sur une colline (Batman, Beetlejuice), elle se distingue généralement du reste de son environnement : la maison d'Edward aux mains d'argent perchée sur une sinistre montagne détonne au milieu des habitations bariolées de la ville ; à l'inverse, l'intérieur coloré de la chocolaterie de Willy Wonka tranche avec le décor des rues noires et blanches.
- Le pont, qui est un symbole de passage, souvent entre le monde des vivants et celui des morts (Beetlejuice, Les Noces funèbres) ; on peut également penser au pont sur lequel Ichabod Crane rencontre pour la première fois le cavalier sans tête dans Sleepy Hollow ou celui d'où le Pingouin est jeté à l'eau.
- La forêt, lieu où le héros va faire une découverte (L'Étrange Noël de monsieur Jack, Big Fish, Sleepy Hollow, Les Noces funèbres, La Planète des singes, Charlie et la chocolaterie).
- La cage, qu'il utilise comme représentation de l'enfermement, notamment dans Sleepy Hollow, où Ichabod Crane libère un cardinal (petit oiseau rouge) en sa possession. On peut également citer l'oiseau du Pingouin dans Batman : Le Défi ainsi que les oiseaux en cage à qui chante Johanna dans Sweeney Todd : Le Diabolique Barbier de Fleet Street. Ou encore le papillon sous la cloche en verre dans Les Noces funèbres, symbole d'emprisonnement.
- Les fêtes d'Halloween et de Noël sont fréquemment mises en scène, notamment présence récurrente d'un plan en plongée où l'on voit des enfants déguisés sur le seuil d'une porte lançant le fameux « Trick or treat! » (L'Étrange Noël de monsieur Jack, Ed Wood, Charlie et la Chocolaterie, etc
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